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Un Bayashi au Japon
27 juillet 2008

Tondu !

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Ca avait ete decide depuis l'hiver, des le retour des grosses chaleurs je coupe tout ! Pour rire mais pas pour de rire ! Et pour l'occasion, je decidais de m'offrir un vrai barber. Offrir ? Je m'en suis sorti pour 1500 yen, contre 1000 yen dans un 1000 yen cut ou on vous bacle en moins de dix minutes sans un sourire ? Si j'avais su j'aurai jamais mis les pieds dans une de ces usines, l'aspirateur a oreille c'est marrant mais bon ... Alors que chez un vrai barber ...

Le plus dur c'etait de choisir lequel. N'y etant jamais alle, n'ayant pas de recommendation particuliere, et vu la quantite impressionnante qu'on peut trouver c'etait pas evident. Alors pour faire simple, j'ai pris le plus proche, juste en bas de mon immeuble. La colonne blanc bleu rouge a l'entree tournoyait gaiement, indiquant qu'il etait ouvert. A l'interieur, un petit vieux en blouse beige lisait tranquillement le journal. L'affluence de client ne semblait pas le couper trop souvent dans sa lecture. En fait c'est un peu toujours la meme remarque que l'on se fait en passant devant un barber ou un coiffeur : vide. Les barbers sont delaisses par les jeunes qui vont chez les coiffeurs, delaisses par les vieux qui vont au 1000 yen cut. Les coiffeurs sont vides par leur surnombre, chacun essayant de tirer profit de la mode qui impose aux filles comme aux garcons de debourser des milliers de yen pour se faire transformer la tete en choucroute de mauvaise qualite qu'on aurait laisse sur un coin de table depuis des jours au soleil ...

Tout cela faisait mon affaire : temps d'attente nul assure.  Le barbier me fit aussitot signe de prendre place sur l'un des deux sieges en cuir a multiples pedales. Le decor interieur, c'etait un plaisir devine que j'attendais depuis un petit moment. Ca a quelque chose de champetre, de trop propre et trop colore, le mobilier patine un peu kitsch avec ses carreaux, ses ceramiques, ses attrapes poussieres, son grand tableau de paysage de montagne accroche au mur, quelques photos, pas de musique, beaucoup de verdure, ...

"Alors euh ..." dans une grande inspiration.
"Ne vous en faites pas je parle japonais"
"Ah, alors qu'est ce que vous voulez ?"
"Coupez tout s'il vous plait"
"Tout ? vous voulez dire ... raccourcir ?"
"Non non coupez tout, comme une tete de bonze !"
"Euh vous etes sur que ...?"
A suivi une longue discussion ou il a pris mille precaution pour s'assurer qu'il comprenait bien, qu'il n'y avait pas d'erreur de traduction, appelant sa femme a la rescousse car elle avait un petit dico japonais/anglais, me gribouillant un dessin de ma tete tondue de profil (il avait bien fait de choisir barbier plutot que dessinateur), etc ... Je dois avouer que moi non plus je ne savais pas trop ce que je voulais. Jusque la j'avais toujours eu les cheveux bien touffus, voir meme carrement long. Finalement on se mit d'accord sur un gros coup de tondeuse integrale regle a 9mm.
"Bon alors j'y vais !"
"Allez y !"
"... J'y vais hein ?"
"Ouiiiiii je suis sur que ca sera parfait, je vous promet de pas me facher, c'est mon choix !"
"Bon... Ah lala vous me foutez la trouille"
Je rigolais tout bas en me disant que c'etait bien un Japonais.
Il commenca par me mouiller les cheveux avec une grosse serviette eponge, moelleuse, chaude et parfumee. Par rapport au pschtt glacee du vaporisateur en plastique on avait deja pris un kilometre d'avance. Puis le premier coup de tondeuse. Comme je ne broncha pas il sembla decontracte et continua d'une main experte. Il passait d'un instrument a un autre, jouait avec les reglages du rasoir, finissait un segment au petit ciseau, cheveu par cheveu, puis repartait ailleurs a la tondeuse. Le siege montait et descendait en douceur. C'etait un mecanicien preparant une formule un. Puis le clou du spectacle, les bordures. Dans une ceramique en forme de volute, un peu d'eau bouillante vigoureusement melangee a quelque chose, qu'il posa sur le comptoir. Le blaireau aux poils formes en croc s'en impregna puis dessina la frontiere de ma chevelure. C'etait doux, chaud, soyeux. Etait-ce un anesthesiant, ou simplement par plaisir, je ne senti pas un seul des coups de rasoirs de finition. Puis cerise sur le gateau, le poudrage avant un enieme controle au petit ciseau.

Pendant tout ce temps le sourire ne quitta son visage et la discussion ne connu pas de temps mort. Les sujets etaient courus d'avance, mais il avait le merite de remplacer un silence de plomb. Brigitte Bardot, Isabelle Adjani, Chirac aime le sumo, Sarkozy n'aime pas le sumo, La femme du President francais est-elle bien francaise, etc... et toujours Napoleon indetronable en tete du top 50 des Francais qui passionnent les Japonais !

Quand a ma tete tondue, moins que prevu, elle a eu l'effet rafraichissant escompte, l'effet comique aussi, et puis maintenant qu'on s'y est tous habitue on en est tous content.

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