Nouveau travail
Ca y est j'ai enfin ete mute a mon nouveau poste. Depuis 5 jours exactement et aujourd'hui est mon premier jour de repos de mon nouveau boulot donc.
Fini donc l'hotellerie, ou j'ai passe pratiquement 4 ans tout de meme, entre Hiroshima et Osaka. Je deviens maintenant agent immobilier d'appartements sur Kyoto, principalement pour etrangers. Ca s'appelle J-Stay et ca reste la meme maison que les hotels ou je travaillais avant. J'en reparlerai plus tard. Cote hotellerie, que dire de ces 4 ans pour essayer de faire le bilan...
C'etait vraiment eprouvant physiquement et mentalement. Il faut tenir la cadence d'un travail qui, s'il peut paraitre simple (repondre a des emails, donner des cles et recuperer des sous), s'avere en fait extremement intense quand vous etes dans un hotel qui marche beaucoup et travaillez la grande majeur partie du temps en solo complet. De plus le ryhtme est extrement irregulier. Par l'emploi du temps, qui etait modifie en permanence selon les besoins de chacun et de l'hotel. Mais aussi au sein d'une meme journee suivant les alles et venus des clients selon un ryhtme tres irregulier. Des moments de neant absolu en milieu d'apres midi alternent avec des rushs monstrueux en soiree lorsque tout le monde revient de promenade. Dans mon cas personnel ou j'etais en plus gardien de nuit a Hiroshima et vivait a l'hotel c'etait encore pire. Etant toujours sur place, le travail ne semblait jamais s'arreter. C'est aussi eprouvant par le menage, sale bien sur, et epuisant par la grande quantite de choses a faire dans un temps limite. Par les objets lourds a manipuler, valises des clients ou livraisons en gros de consommables et mobilier. Enfin par le stress engendre par les clients rarement cooperants et aimables.
Cote communication, 2 lignes de telephone, 1 skype, 1 fax, 1 email, en plus des clients dans l'hotel a gerer en meme temps et en solo entrainent tres regulierement 2, et assez souvent 3, communications a gerer en simultanee et en multi-langues. Les 'problemes' sont relativement rares pour un individu donne, mais la encore multiplie par le nombre de clients et divise par le nombre de gars a l'accueil on obtient un resultat explosif.
Cote outil de travail, les choses ont beaucoup change en 4 ans. On est passe de l'archaisme total a un logiciel a l'ergonomie ratee mais qui a le merite d'exister. Le logiciel nous a quand meme beaucoup sauve d'une epidemie galopante de double booking (des clients differents reservent pour le meme jour la meme chambre) due a la possibilite de recevoir des reservations par different canaux : quand une arrive via le canal A il faut se depecher de prevenir les canal B,C, etc... que la chambre n'est plus libre. Vous pensez que deux personnes qui reservent la meme chambre en meme temps au meme moment est un evenement rarissime ? Essayez, vous allez rire !
La faute aux outils de travail certes, mais aussi aux collegues de l'epoque. La aussi ca a change en allant a Osaka. Au sujet des collegues japonais, il y aurait pas mal a dire. Je reste content d'avoir toujours travaille avec des collegues cent pour cent japonais, pour ce que ca me fait connaitre de leur realite et donc valorise mon experience ici. De leurs qualites et defauts varies, se degage parmi tout ceux avec qui j'ai travaille le meme probleme : au travail ils sont ultra-bordeliques. Tout est pose en vrac n'importe ou, tout est fait a l'arrache. Au travers de mon experience et de la lecture de celle d'autres sur des forums, etc... il me semble que c'est a la base un probleme educatif. Les plus jeunes de mes collegues, certains tout juste diplomes, font preuve d'une totale incapacite a resoudre un probleme quel qu'il soit et ne montre aucune volonte de chercher a le resoudre. Ils attendent simplement que le superieur (avant tout en age) dise quoi faire dans le moindre detail, et l'appliquent sans aucune analyse, de sorte que dans une situation similaire mais pas completement identique ils bloquent a nouveau. En prenant de l'age, les choses s'ameliorent pour certains mais je les trouve vraiment en retard par comparaison avec mes anciens collegues en France. Dans un evironnement extremement diversifie et changeant comme un hotel c'est reellement penalisant. Et le recrutement est un reel casse tete pour les managers. Ceux qui sont capables de suffisament de methodologie, d'analyse et de capacite de decision pour qu'on leur confie des responsabilites sont des perles rares aussi difficiles a trouver qu'a garder. Le turn-over est enorme, avec mes seulement 4 annees je suis de tres loin parmi les 5 plus anciens de la boite (qui existe depuis 8 ans) parmi plusieurs dizaines d'employes. Les malins en ont vite marre de ramer pour les neuneus qui abandonnent rapidement... Pour en avoir vu defile pas mal, en tant que collegues ou pendant les entretiens de recrutement, le tableau est assez consternant.
Le turn-over s'explique aussi probablement par le boulot en soi. Comme je l'ai dit avant c'est un travail penible. C'est aussi peu gratifiant en retour. Les debutants arrivent la fleur au fusil en se disant que c'est genial de rencontrer plein de gens du monde entier et tout et tout ... Tout ca reste tres superficiel en realite. Pour l'ecrasante majorite des clients, le receptionniste est la pour donner des cles et des itineraires, un point c'est tout. Ceux avec qui j'ai pu discuter un peu sont relativement rares, et encore je beneficie surement d'un statut particulier en etant etranger : je leur suis plus proche, plus facile d'acces, et aussi j'attise leur curiosite. Ceux avec qui j'ai garde contact se comptent sur les doigts d'une main. Les autres restent des inconnus aussi vite oublies que rencontres, parmi lesquels les raleurs sont beaucoup plus enclins a laisser un commentaire assassin que les autres a gratifier d'un remerciement les efforts fournis. Au final, il ne reste d'eux que la boite a objets perdus non reclames qui nous fait regulierement de chouettes cadeaux.
Un point positif tout de meme de ce travail est l'occasion qu'il represente
d'effectuer un travail sur soi-meme. Etre regulierement confronte a des clients au mieux condescendants au pire aggressifs represente un vrai challenge en terme de controle de soi pour rester calme, poli, et ne pas sombrer dans la depression. Comme les trois petits singes japonais, il faut "ne pas voir le mal, ne pas entendre le mal, ne pas dire le mal" si l'on veut rester sur la voie de la paix, car "des chenilles du char ne naissent pas de papillons".
Cependant, avoir vu defile environ 30.000 personnes du monde entier durant ces 4 annees restera la plus grosse richesse de ce travail. Meme lorsqu'il n'y a pas vraiment eu de communication, ces rencontres furent l'occasion d'etre confronte a l'Humain dans sa grande diversite. La difference tres marquee de public entre l'hotel de Hiroshima (plutot curieux, cultive, peace and love, ...) et celui de Osaka (tres alcool, sexe, fashion, ...) est la preuve d'un echantillonage dans ce tout. Mais par extension de cet echantillon, la repetitivite des rencontres a defaut de profondeur me confirme statistiquement dans ma perception actuelle de l'Humain comme un sous-espace unique et continu de l'espace des possibles. Chaque etre humain se repartit et evolue par le vecu dans ce sous-espace selon un itineraire qui l'identifie. Les dimensions sont les attributs physiques et les activites physiques et intellectuelles. Dans ce sous-espace on peut definir des regions (cultures, classes sociales, origine geographique...) par une distance faible des valeurs d'un ensemble de dimensions des elements de cette region (les elements du groupe se ressemblent sans se confondre selon un groupe de criteres), et par une distance elevee d'avec les valeurs du meme ensemble de dimensions des elements des autres regions (les elements de groupes differents different sans s'exclure selon un meme groupe de criteres). Les frontieres de ces regions sont permeables (un individu peut passer d'un groupe a un autre au cours de son itineraire) et floues (un individu peut appartenir a differents groupes en meme temps selon le sous ensemble de dimensions que l'on considere). J'aime bien ce modele parce qu'on peut en tirer plein de choses, mais je vais m'arreter la parce que je m'eloigne trop du sujet de cet article et il ne va plus finir...
Mon nouveau travail me laisse beaucoup plus de temps libre qu'avant. J'espere pouvoir vous en faire profiter en ecrivant a nouveau un peu plus souvent...
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