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Un Bayashi au Japon
27 août 2006

Le Japon se lance dans la finance islamique

L'information a ete annoncee vendredi 18 par le Financial Time. La banque de cooperation internationale du Japon (JBIC) a decide de lancer en janvier prochain ses premieres obligations islamiques, aussi appelees "sukuks", en cooperation avec la Malaisie. Une obligation est un emprunt monetaire dont le remboursement est effectue a une date fixe et donnant lieu au paiement d'un interet annuel. Ce dernier point est la principale difference avec la version islamique d'une obligation. Une sukuk ne peux pas rapporter d'interressement, ceci etant contraire a la deuxieme sourate du coran. Par contre, le coran autorise le financeur a recevoir des revenus sur le resultat de l'utilisation de son argent. Cette utilisation doit toutefois respecter les principes coraniques. Afin d'assurer tout cela, la realisation d'un sukuk doit donc etre soumis et controle a un responsable religieux.Des sukuks ont deja ete realisees par des pays non islamiques, mais jusqu'ici il ne s'agissait que d'entreprises privees. Dans le cas de la JBIC, c'est la premiere fois qu'une institution gouvernementale s'implique dans cette operation. Elle a donc tout a apprendre sur cette operation un peu particuliere et les methodes de travail des pays islamiques, et l'ultraminorite de residants islamiques sur son sol sera un reel handicap. Cependant, cette demarche lui permettra de renforcer ses liens avec les pays islamiques et d'ouvrir de nouveaux marches aux entreprises japonaises.

L'origine de cette initiative, ce sont les resources naturelles du Japon qui sont un reel probleme pour ce pays. Seulement 4% des ressources dont il a besoin viennent de son propre territoire ou seuls le riz et les produits de la peche sont presents en quantite abondante. On comprend au passage ici les fondements de la cuisine japonaise. C'est egalement la raison de l'extreme protection accordee a ces deux secteurs par le gouvernement, qui n'a ouvert ses portes aux riz americain et vietnamien qu'en 1995 suite a son entree a l'OMC. Quand a sa flotte maritime, c'est la plus importante au monde et elle represente 15% de la peche annuelle mondiale. Mais concernant les autres matieres premieres, le Japon doit tout importer : petrole brut, 97.6% de sa consommation; gaz, 89.8%; nourriture, 60%  . Ses principales fournisseurs sont la Chine 21%, les USA 12.7%, L'Arabie Saoudite 5.5%, ... D'un point de vue economique, cet enorme besoin d'importer provoque un desequilibre qu'il doit pallier en exportant abondamment. Et puisqu'il n'a pas de matieres premieres, le Japon a fait son cheval de bataille des produits completement a l'oppose de la chaine : les produits de haute technologie, automobile et electronique en tete grace a une politique de recherche et developpement extremement dynamique.

Mais a cause de cette dependance, le Japon se retrouve souvent pieds et poings lies face a ses pays fournisseurs, le contraignant a une politique etrangere parfois scabreuse. Ainsi on l'a vu cette semaine prendre la defense de l'Iran et s'opposer aux sanctions eventuelles du Conseil de Securite. Le Japon craint qu'elles ne concernent les exportations de petrole, dont il est le plus gros client ! Autres exemples, les litiges territoriaux a repetition avec ses voisins. Au nord du Japon, les iles Kouriles disputees a la Russie empechent depuis la fin de la seconde guerre mondiale la signature d'un traite de paix entre les deux pays. Pire, le conflit a degenere le 16 aout dernier avec la mort d'un marin pecheur, tue par balle par des gardes cotes russes lors d'un arraisonnement de navire. Avec la Coree du Sud, il s'agit des ilots Takeshima; avec la Chine/Taiwan, l'ile Senkakushoto et l'est de la mer de Chine. Dans tout les cas, ces zones sont riches en hyrdocarbures et autres ressources, et bien entendu personne n'est pret a les ceder, laissant la situation dans un statu quo malsain.

Ici, on touche du doigt l'origine d'autres problemes. Le Japon souhaiterait par exemple devenir membre permanent du conseil de securite de l'ONU (actuellement il n'est que membre temporaire) mais se heurtent a beaucoup de reticences, de la part de la Chine notamment. Dans ce sens, il fait de nombreux efforts comme la visite le 10 aout de Mr Koizumi en Mongolie pour parler resources energetiques, bien sur, mais egalement rallier des voix en faveur de sa candidature. Il semble pourtant loin d'arriver a ses fins, d'autant que d'autres problemes, historiques et de politique interieure, viennent ruiner les avancees. Le Japon n'a pas fini de faire beaucoup d'efforts et de sacrifices s'il veut devenir la grande puissance politique a laquelle il aspire.

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