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Un Bayashi au Japon
4 janvier 2008

Changer ...

J'entame ma troisieme annee de vie ici. Le passage d'une barriere symbolique peut etre. L'avant etait associe au precaire, au vivotage dans les projets a court terme. L'apres ouvre l'horyzon, peu importe si mon visa n'a ete renouvele que pour un an, il n'est plus une barriere a mes yeux, juste une etape administrative, desagreable mais elles le sont toutes. Cette barriere symbolise sur la ligne du temps un point qui marquerait le passage du "ca y est je me sens chez moi ici, plus la bas", meme si ce point n'en est pas un, plutot une longue glissade d'un extreme a l'autre sans frontiere nette au milieu. Glissade qui a demarre en mettant le pied ici et ne s'arretera jamais si l'on en croit les instropections de ceux qui ne comptent plus leurs annees d'exile. Une glissade si douce qu'on n'y pense que lors de petits "accidents".

Exemple recent numero 1. On me presente une Francaise venue passer quelques jours de vacances au Japon. Elle s'avance immediatement vers moi avec une attitude 'etrange'. Je sens qu'il y a quelque chose qui m'echappe, quelque chose a faire que je sais mais qui est sorti du groupe des reflexes, qui a perdu juste assez de sa spontaneite pour laisser place a de la gene. Je feins de n'avoir rien vu pour gagner quelques instants de reflexion, laisser le temps a la bulle de remonter a la surface. Elle me tendait simplement la joue pour me faire la bise. Cette petite seconde de perplexite pour une reponse 'evidente', 'naturelle', c'est un gouffre qui s'est creuse en moi.

Exemple recent numero 2. Le nouvel hotel dans lequel je travaille(rai, on est encore en train de le preparer) est de style occidental. Pas de tatami, des lits avec futons mais des lits quand meme, pas de dechaussage de chaussures a l'entree, pas de table basse, de nattes pour s'asseoir au sol, ... Je trouve ca insupportable. Je trouve ca laid, sale, pas pratique... Chaque jour je m'afflige en pensant a ce que va donner le menage avec tout les clients qui circuleront en chaussure partout. Que ce soit pour le boulot ou non, je ne supporte plus le mobilier occidental. Mais ce n'est pas une nouveaute, ma conversion dans ce domaine est faite depuis longtemps. Seulement la deception de voir mon nouvel environnement de travail de type occidental a ete telle que je me suis soudainement rendu compte a quel point cette conversion est profonde.

Exemple recent numero 3. J'ai renoue avec le commuting, le transfert de son lieu de vie a son lieu de travail en transport en communs. Ce merveilleux moment de communion du peuple sans distinction d'age, de milieu social, de sexe, ..., contraint a partager un espace trop etroit qui efface les frontieres de l'espace prive. Seules quelques etrangers curieux ou des passionnes d'ethnologie y voient le paradis, les autres s'evadent dans la lecture de leur journal/livre, dans l'univers virtuel de leur console de jeu, dans une discussion quelque part sur la toile via leur telephone portable, ou encore, ce qui marquent le plus les etrangers il me semble, dans les brumes du sommeil. J'etais deja un tres fervent adepte de cette derniere activite qui m'a valu une certaine reputation sur la ligne St Lazare-Les Mureaux, et eventuellement quelques detroussages de poches, j'ai donc rapidement grossis les troupes de dormeurs que Suparoban aime tant photographier (ces deux la me plaisent enormement). Ici je reste une curiosite, mais pas parce que je suis different, parce que je suis pareil. A plusieurs reprises, alors qu'un chaos du wagon un peu plus violent que les autres me soulevait une paupiere, j'ai vu ces regards amuses et perplexes de ceux de la banquette d'en face qui au lieu de se derober insistaient, cherchant a comprendre "de quel cote" je suis...

F1012012

Je n'ai encore jamais utilise l'epaule d'une belle inconnue comme oreiller, mais dans le cas de sieges 'face-a-face', pas mal de malheureux ont deja recu sur les doigts de pied mon telephone ou bien le livre que j'essayais en vain de lire ... :-)

Et j'ai aussi redecouvert le petit jeu "te reveilleras tu a temps pour descendre a ta station aujourd'hui ?" ... :-))

Bon et puis rassurez vous, je n'oublierai jamais ni ne renierai une foi inebranlable en la suprematie du camembert, du lapin a la moutarde et de la trompette de la mort servis avec un verre de blanc d'alsace ! ;-)

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Commentaires
B
Gaijinarnaud : <br /> Rassure toi, il y aura des sandales aussi pour ceux qui veulent se dechausser ! ;-)<br /> <br /> Stix :<br /> Je ne sais pas si c'est si dommage qu'il y ait des hotels occidentaux qui apparaissent au Japon. Je veux dire que l'hotel est un espace pour l'etranger, c'est presque comme un ilot de non japonisme dans le Japon, comme une ambassade est un territoire etranger. Vouloir imposer a tout les etrangers les tatamis et les futons me paraitrait un peu violent. Libre a eux de choisir a quel point ils veulent s'immerger dans la culture du pays, et tant mieux s'ils peuvent trouver des 'refuges' si le choc est trop fort : il y a des touristes qui n'arrivent vraiment pas a dormir dans un futon ou s'asseoir sur un tatami, ca serait dommage de leur gacher tout leur sejour ici ... Une cohabitation des deux styles me parait saine.<br /> <br /> Roban :<br /> De rien pour la pub, c'est merite. Chez moi, Junko s'est battue pour avoir un mini sofa et moi pour recouvrir le sol en faux parquet avec une natte en paille de riz :-) Pour l'hotel mon patron a choisi un type occidental simplement parce que le batiment etait anciennement des bureaux et qu'il aurait coute beaucoup trop cher de tout tatamiser. Pour les maisons modernes je trouve vraiment dommage la disparition du style traditionnel...<br /> <br /> Fastida :<br /> Sans vouloir vous vexer moi non plus vous donner un peu un coup d'epee dans l'eau. Effectivement je n'oublie pas mes racines, c'est pour ca que j'ai conclu mon article, avec sincerite, par une foie inebranlable en la bonne cuisine francaise. Effectivement je reste Francais au yeux des Francais et Francais au Japon aux yeux des Japonais. Je suis tout a fait d'accord, cette conclusion a ete tiree par la plupart des expatries tres longue duree, et ne vois pas ou j'ai ecrit le contraire. Mon article avait pour but d'exprimer l'evolution de mes sentiments en les imageant par des situations revelatrices qui me sont arrivees dernierement. Il s'agit ici d'un processus naturel qui arrive a n'importe qui, qui m'arrive donc a moi egalement, et qui me serait meme arrive si j'etais reste en France .. dans une direction differente. Je n'ai aucun desir que cette evolution m'amene a devenir Japonais a 100%. Je la laisse suivre son cours naturelle qui m'amene de quelque part dans la sphere culturelle francaise a quelque part ailleurs que je ne connais pas encore, en passant actuellement par un quelque part situe dans une frontiere floue entre culture Japonaise et Francaise. Les concepts a 100% sont pratiques pour la reflexion car il discretise le monde, mais malheureusement ils sont faux car le monde n'est pas discret mais continu. Je vous invite a pousser votre reflexion dans cette voie.
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F
Bonjour.<br /> Je ne veux pas jouer les rabas joies,mais vous restez français.On n'oubli pas ses raçines si facilement.Bon,je n'ai jamais vécu à l'étranger,donc je peux me tromper.Aux yeux des Japonais vous resterez toujours un étranger et pour un français...et bien un français vivant à l'étranger.Même si vous adoptez quelques coutumes du pays,signes d'intégrations,tous les jours vous devez sentir cette différences.<br /> Seriez vous prêt à couper tous liens avec la France pour être Japonais à 100% si celà était possible?<br /> Bon attention,je ne veux pas vous vexer,ni les autres lecteurs;je livre mes réflexions après lecture de ce post.<br /> A plus.
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R
Rien d'etonnant a ce que cet hotel ait choisit d'adopter une ambiance occidentale. De nos jours, les tatami, les futon, et tout le tralala c'est pour les ryokan. Tout comme ils disparaissent des maisons et des appartements modernes.<br /> <br /> Chez moi, il y a encore des tatami et un kotatsu et mes amis de s'ecrier : Waaa roban vit dans une maison traditionnelle !!<br /> <br /> Ps : Merci pour le p'tit coup de pub sur "Tokyoites"
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S
ce*
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S
J'ai beaucoup aimé lire ton article. Voir à quel point tu te sens en symbiose avec la société Japonaise est merveilleux. Les quiproquo décrits sont vraiment révélateurs des habitudes japonaises qui se sont véritablement imprégnées en toi. Et ça c'est beau.<br /> Autre point : je vois de plus en plus de personnes qui disent que le Japon s'occidentalise, et même si l'empreinte des coutûmes nipponnes est intacte, il est vrai qu'il est désolant de voir apparaître des hôtels de type occidental, ce n'est qu'un exemple et pourtant c'est si déçevant. Je doute que les vrais touristes recherchent de genre d'hôtels. ^^
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